3 avril 2009

A propos de Dolkhyn Kerimbakiev, citoyen Kazakhstanais, détenu 7 ans à Guantanamo

Dolkhyn retrouve sa famille,
mais aucune nouvelle de sa mère partie a sa recherche


07.11.2008, Ermek Boltaï


Le dernier prisonnier Kazakhstanais du camp de Guantanamo, Dolkhyn Kerimbakiev a été renvoyé à Astana le 3 novembre 2008. Le journaliste d’Azattyk s’est rendu jusqu’à son village, pour prendre connaissance de sa situation.
Au début de l’an 2000, quatre citoyens du Kazakhstan étudiants d’une mèdressé pakistanaise étaient fait prisonniers sur le territoire afghan par les soldats américains. L’un de ces prisonniers était Dolkhyn Kerimbakiev.
La presse Kazakstanaise n’a pas peu parlé au sujet de Dolkhyn Kerimbekov, Aïtu Abykhanov, Ilxomjon Botaev et Suxbat Arupov tous les quatre retenus dans la prison américaine de Guantanamo située sur le territoire nationale de Cuba. Les toutes premières nouvelles à voir le jour à propos de ces trois individus disparus sans laissé de trace datent d’il y a deux ans. Jusqu’à lors personne ne savait où ils se trouvaient, et leurs familles et proches considéraient déjà les quatre susnommés au rang des morts.
Aïtu Abykhanov n’est pas parvenu à oublier les mauvais traitements de Guantanamo.
Le 6 novembre, nous publions sur le site de radio Azattyk la nouvelle du retour au pays de Dolkhyn Kerimbakiev, citoyen Kazakhstanais, après 7ans passé en détention dans la prison de Guantanamo. Il ne fut pas facile au journaliste d’Azattyk de retrouver la famille de Kerimbakiev, originaire du village de Kyzyl Charyk à 120 kilomètres de distance d’Almaty.
Bien que Kyzyl Charyk aie tout d’un somme toute petit village, frapper à la porte des quelques 300 maisons pour retrouver la trace des citoyens Kazakhstanais détenus dans la prison américaine, ne s’annonçait pas une tâche facile. Pour cette raison, nous décidâmes de poser la question à toute personne rencontrée dans la rue : « Excusez-nous, où habitent les familles des anciens détenus de Guantanamo, Aïtu Abykhanov, Suxbat Arupov et Dolkhyn Kerimbekov ? »
Darkhan âgé de 6 ans, passant sur son âne et très occupé à mener un veau, qui nous indiqua la route. Il ajouta : « Aïtu agha, celui qui a été en prison avec Jean-Claude Van Damme, c’est bien ça ? C’est notre voisin, si vous me suivez, je vais vous amener comme cela vous ne pourrez pas vous perdre». Comme Darkhan nous l’avait dit, il nous amena jusque devant la maison d’Aïtu Abykhanov. Puis menant son veau de l’autre côté du portail, il nous prévînt : « Agha, faîtes attention, Aïtu il a pété un câble dans sa tête. Quand il devient fou, il est capable de cogner sur le premier venu ».
Lorsque nous entrèrent chez Aïtu, celui-ci était en plein préparatif de la lecture de Namaz. Nous lui demandâmes : « Aïtu, il paraît que Dolkhyn est arrivé il y a un jour, peux-tu nous indiquer sa maison ? ». Mais Aïtu, lui aussi prisonnier des américains, se lança dans une toute autre histoire. Il nous expliqua, que ces derniers jours sa grand-mère était tout juste revenue d’un voyage en Chine, et qu’il avait un peu mal à la tête. La conversation, que nous pûmes avoir avec Aïtu Abykhanov ne dura pas longtemps. Après un temps relativement court, « je reviens à l’instant » dit-il en rentrant dans sa maison pour finalement ne plus en ressortir.
Le frère ainé d’Aïtu nommé Oral nous ayant remarqué à l’entré s’approcha de nous, pour nous demander d’où nous venions. Alors que nous discutions avec lui de la situation actuelle d’Aïtu, une petite fille de 7, 8 ans sortît de la maison en courant et nous apprît qu’elle s’était enfuie en sautant par la fenêtre de la chambre de son oncle. Oral Abykhanov nous raconta que son petit frère Aïtu avait radicalement changé après la prison de Guantanamo et qu’il souffrait de maux de tête.
—« Mon frangin a contracté une maladie des nerf. Ça fait plus d’un an qu’il est revenu des USA, pourtant il n’est toujours pas revenu à lui. Alors ne vous vexez pas, mais pour aujourd’hui il ne pourra sûrement avoir de conversation avec personne »,- ajouta Oral.
Oral n’avait pas entendu dire, que Dolkhyn était de retour au Kazakhstan. Pourtant, il nous indiqua où se trouvait la maison de sa proche famille.
A la suite de l’opération de lutte contre le terrorisme lancée par les Etats-Unis sur le territoire Afghan, plus de 500 personnes sont restées détenues dans le centre de Guantanamo, parmi eux quatre citoyens du Kazakhstan.
Alors que nous frappions à la porte de Dolkhyn, sa sœur aînée nommée Elmira sortit à notre rencontre. Apprenant que nous étions des journalistes arrivés à grand peine d’Almaty, elle nous expliqua que Dolkhyn n’aurait pas la force de discuter avec des inconnus. Elle ajouta qu’en plus sa grand-mère était restée alitée bien malade.
— « Grand-mère attend Dolkhyn depuis 8 ans. C’est une personne âgée, elle a reçu un énorme choque en apprenant cette heureuse nouvelle. Hier dans la soirée sa pression artérielle a augmenté, elle a dû s’aliter, depuis bien qu’on ait appelé les ambulanciers à une ou deux reprises, elle n’a pas daigné se lever de sa place. Elle a les jambes glacées, et nous avons peur que sans prévenir elle ne rende son dernier souffle. Dolkhyn supporte très mal l’idée que sa grand-mère soit tombée souffrante et cela joue sur ses nerfs. Peut être, devriez vous revenir un autre jour »,- nous dit-elle.
Nous tentâmes de faire comprendre à Elmira que nous ne pouvions pas rentrée les mains vides à Almaty. Alors Elmira dit qu’elle essaierait de convaincre Dolkhyn de s’entretenir avec nous et rentra à l’intérieur. Nous sommes alors restés pas loin d’une heure à attendre des nouvelles de Dolkhyn. Mais n’ayant été libéré que depuis très récemment celui-ci refusa de nous donner un entretien.

  • Dolkhyn Kepimbakiev est terrifié par la lumière électrique
Nous nous adressâmes alors à la tante Nurxan, qui passait sans arrêt de la maison à la cour, pour lui demander s’il ne serait pas néanmoins possible de rencontrer Dolkhyn en personne, elle accepta après un court moment de réflexion.
Nurxan nous demanda néanmoins avant que nous ayons rencontré Dolkhyn, de ne pas le prendre en photo.
—« Bien que je reconnaisse le visage et l’allure de Dolkhyn, je n’ai pas du tout reconnu son monde intérieur, sa personnalité. En l’espace de huit ans, toute personne peut changer jusqu’à un certain point, bien sûr. Mais, mon Dolkhyn est revenu au pays totalement autre. Hier soir, nous avons bien essayé de discuter avec lui, il nous a prié de ne pas poser de questions à propos de la prison américaine de Guantanamo.
— « N’avez-vous pas aussi rencontré Aïtu Abykanov ? Il a lui aussi complètement changé »,- continua Nurxan. « Dans leur enfance ils étaient tous les deux des amis inséparable. A en croire ce que raconte les gens du village, Aïtu est devenu lunatique. Notre Dolkhyn aussi est devenu vraiment spécial. A présent, tout est comme si ils ne souhaitaient plus se revoir. De plus, Dolkhyn a peur de la lumière électrique. Quand le soleil se couche, il éteint toutes les lumières à l’intérieur et reste assis dans l’obscurité. Il raconte que pendant 7 ans les soldats américains n’éteignaient jamais la lumière dans la pièce où nous nous trouvions. La lumière électrique a provoqué chez lui des affections nerveuses. Voilà, quand vous le rencontrerez ne le prenez pas en photo. Il se mettrait à hurler et gênerait tout le monde. Il semble qu’on l’a vraiment fait beaucoup souffrir dans cette prison américaine »,- raconte Nurxan Sabirova.
Quand nous avons enfin pu voir Dolkhyn, il était assis sur une petite chaise dans le fond de la pièce et se parlait à lui-même. Comme il parlait à voix étouffé, nous ne pûmes comprendre ce qu’il disait. Dolkhyn ne se retourna même pas dans notre direction. Nous avons essayé d’entamer la conversation avec lui, mais il ne nous prêta pas attention. Il continuait à murmurer des paroles incompréhensibles sauf de lui-même dans une attitude de prostration. Comprenant que nous ne pourrions rien en tirer, nous sortîmes en le laissant seul dans la pièce.
Malgré que nous ne puissions obtenir un entretien avec Dolkyn Kerimbakiev, nous avons recueilli quelques informations de la part de ses proches. D’après Elmira Kerimbakieva, personne n’est à blâmer pour l’état dans lequel se retrouve son petit frère.
—« C’est le destin. Bien que Dolkhyn soit resté en prison pendant 7 ans, personne n’a rien pu prouver quant à ce dont on l’accusait. Même sans cela, depuis le début je n’ai jamais cru que mon petit frère puisse avoir une quelconque relation avec les attaques terroristes du 11 septembre 2001 à New York. Il est parti au Pakistan pour étudier dans une médressé. Pendant qu’il était sur place, il a rejoint l’Afghanistan pour y passer un stage. Ce qui lui est arrivée par la suite est bien connu. Et puis vous venez juste de le voir de vos propres yeux. Avant de quitter le Kazakhstan c’était un jeune homme vraiment très ouvert, brillant. Et maintenant, son existence a entièrement changée. Il a peur de la lumière électrique, hier nous lui avons fait prendre un bain, son cœur s’est affolé, il pouvait à peine garder ses esprits, il a pris froid aux poumons et ses reins sont aussi endommagés. Bien sûr, il est possible de prendre soin de lui avec de bonnes médecines, et de l’aider à rétablir sa santé, mais, le Dolkhyn d’avant, celui que nous connaissions qui va nous le rendre ? »

  • Le fils est de retour, mais la famille est sans nouvelles de sa mère partie à sa recherche.
Après que Dolkhyn aie disparu en Afghanistan sans laisser de trace ainsi que tous ses compagnons, sa mère Saniya a pris la route à sa recherche. D’après les membres de la famille de Dolkhyn, Saniya est partie avec son gamin de 5ans dans les bras pour le Pakistan. A cette époque personne ne pouvait soupçonner que Dolkhyn Kerimbekov, Aïtu Abykhanov, Ilxomjon Botaev et Suxbat Arupov avaient été fait prisonnier aux mains des soldats américains. Même si Dolkhyn est le dernier de ses prisonniers à avoir été libéré, on demeure encore sans aucune nouvelle de sa mère, partie il y a quelques années pour le Pakistan à la recherche de son fils.
Puisque nous n’avons pas eu l’occasion de discuter avec les citoyens Kazakstanais de Guantanamo, nous avons estimé juste de conclure cet article avec un extrait d’une interview qu’Aïtu Abykanov a donné le 31 avril 2007 au journal « Vremia ».
—« Après avoir achevé le premier cours à la médressé, j’ai été envoyé en Afghanistan pour y suivre un stage. J’ai été affecté comme aide d’un Imam dans la ville de Kabul. Je n’ai travaillé en tout et pour tout que 3 jours à cet endroit. Parce que, le 7 octobre 2001 les soldats américains et anglais lançait une attaque aérienne sur l’Afghanistan. Les bombardements les plus importants portaient sur la ville de Kabul. Alors que nous y avions survécu, et que nous avions pris la direction de la frontière pakistanaise avec un groupe d’habitants de la ville, les tribus Pachtouns locales nous ont arrêtés, puis après 5 mois vendus aux soldats américains moyennant la somme de 5 milles dollars".

Долқын отбасына оралды, ал оны іздеп шыққан анасы хабар-ошарсыз кетті (traduction du kazakh)

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