6 avril 2009

Toute notre histoire enfouie sous les bazars


Avez-vous remarquez ? Toute notre histoire est enfouie sous les bazars. En effet, que l’on parle de mausolées, ou bien de cités, tout cela est sans conteste possible le résultat calamiteux des politiques brutales menées par les autorités soviétiques d’hier. Par leur faute, nous en sommes réduit à piétiner notre propre histoire. A en croire les recherches menées par d’éminents orientaliste, les ruines de l’ancien Taraz se trouveraient sous le site actuel du bazar centrale de la ville. Dés lors chaque année quand le temps est au réchauffement, Taraz s’emplie de rumeurs selon lesquelles le bazar Tölebaï sera bientôt relocalisé, et que des fouilles vont commencer. Bien sûr, que le bazar puisse être relocalisé n’est pas une nouveauté en soit. Dans de nombreux centres régionaux, on a déjà délocalisé les bazars vers l’extérieur de la ville afin de réorganiser le centre ville. Cependant, la municipalité de la ville de Taraz n’a pas jusqu’à aujourd’hui franchis le pas. Si en vérité, un travail de fouilles archéologiques doit être entrepris en cet endroit, alors ce ne serait pas seulement Tölebaï, mais plus d’une dizaine de bazars qui y sont installés, qu’il faudrait alors déménager. Cela représente bien sûr un poids énorme pour le budget de la municipalité. Cependant, il devient évident suite à nos entretiens avec les professionnels concernés, que les difficultés ne se bornent pas à la seule question de la relocalisation de ces bazars vers l’extérieur de la ville.


Est il exacte que le bazar « Tölebaï » sera déménagé ?

  • Arkhabek Tölebaev, directeur du bazar « Tölebaï » :
–« le 15 juin 1998, la compagnie Tölebaev a gagné ce bazar par appel d’offre, depuis ce temps nous faisons notre travail. De 5 à 6 milles personnes y font du commerce. Ces dernières années le chômage a gagné du terrain, les gens du peuple ont pu trouver grâce au bazar de nouvelles sources de revenus. Actuellement sur ce bazar, on trouve en majorité nos voisins kirghizes. Il y a deux ans de cela, nous avons réparé la section boucherie pour 16 millions de tengués. Depuis que le bazar existe, c’était l’un des plus anciens bâtiments. Pour une superficie de 9 hectares, nous achetons chaque année de 300 à 400 tonnes d’asphalte, nous avons aussi recouvert les édifices. Quelques personnes disent « nous allons creuser le bazar, lancer des recherches »… ça fait plus de 10 ans qu’on en parle. Un des points négatifs, c’est que nous ne pouvons pas édifier de nouveaux bâtiments, ni effectuer de réparations complexes à l’intérieur du bazar. Parce que le bazar est sous la protection de l’état… Nous n’avons que l’autorisation de faire des investissements légers et temporaires. De nombreux commerçants ne comprennent pas cette situation. Si jamais, on nous dit « on creuse sous le bazar, déménagez », je ne serai pas contre. Avant même qu’on en vienne là, j’ai rendu à l’état la propriété d’un parc de 9 hectares, juste au centre de Taraz, le parc Khaïrat Ryskulbekov. Si cela est rendu nécessaire par l’intérêt national, alors je suis même prêt à donner le bazar. Pour parler en bon musulman, moi, je ne suis que le gardien de ce bazar.
  • Alibek Amze-uly, Directeur du bureau régional de la culture, région de Jambyl :
–« L’histoire de la ville de Taraz remonte à une époque très ancienne. Il y a une hypothèse d’après laquelle les strates laissées non pas par une, mais 3 ou 4 cités anciennes, existerait sous le bazar centrale. D’une certaine façon, je suis d’avis, qu’il est peut être préférable pour l’instant, qu’il n’y ait pas d’excavations sur le site du bazar. Ce qui est en question c’est notre insuffisance de culture portant sur les problèmes du travail de fouilles, et l’archéologie. Déjà de nombreux vestiges de ville ont été fouillés, avant d’être finalement abandonnés en plein air. Alors, abstraction faite des dégâts causés par la nature, la pluie, les précipitations, les dégâts causés par l’homme sont eux sans limites. Certes, les scientifiques disent que pour les générations futures nous devons fouiller ce site, découvrir des preuves historiques. Mais se lancer dans ces travaux, pour ensuite abandonné le site en plein air serait une atteinte à la science. Donner du point sur la table, pour pouvoir dire « Ce site est celui de la ville truc» ou bien « voilà le site, où se déroulèrent tels évènements historiques ». Est-ce là tout ?
Il y a vraiment sur le territoire de notre région beaucoup de ruines d’anciennes cités. Chacune rend nécessaire la réalisation de recherches. Par exemple, la ville d’Akhtöbe dans le département de Chui. D’après les photos prises de l’espace, il apparaît clairement que la cité antique occupait une superficie de 70km². Au minimum 500 milles personnes auraient vécu dans cette ville. Au Kyrghyzstan voisin, dans les environs de la ville de Tokmak sont situées les ruines d’une ancienne cité, dont la superficie atteint de 2 à 2,5 hectares. Ils ont obtenu que ce site entre au patrimoine de l’UNESCO, comme étant la ville de Balasaghun. Et pour moi, la ville de Balasaghun ressemble fort à ce que l’on peut trouver sur un site comme Akhtöbe dans notre département de Chui. Si nous en venons au patrimoine de Taraz, nous sommes en train de mener des fouilles d’une autre cité ancienne le long de la rue Suleïmen. Ces travaux ne s’arrêteront pas cette année. Des fonds ont été alloués. Les travaux reprendront dans la première moitié du mois de mai. Bref, le progrès de tels travaux à l’intérieur de la ville tient à ce que le gouvernement en attend d’importants bénéfices. Nous n’avons pas encore pu y porter attention. Mais à l’étranger, on sait comment tirer de l’argent de telles opportunités. Tandis, que les sites des anciennes cités que nous avons fouillés, les habitants du cru les ont bousillés. Exactement comme le passage d’envahisseurs mongols, ou tatars… Le même site que les archéologues avaient fouillé si minutieusement… Nos gens ne comprennent pas… »
  • Taken Moldakhynov, directeur de la réserve muséographique des monuments de l’ancien Taraz :
–« Ces dernières années, la question des fouilles du site de l’ancienne Taraz, et de la création d’un musée en plein air a suscité beaucoup de discutions et de bruit. Cependant, aucune somme d’argent n’a été allouée dans le programme « Patrimoine culturel » pour y financer des fouilles. Bien sûr, nous devons rénover notre patrimoine historique. Et le tourisme doit apporter une contribution au développement de l’économie nationale. Mais le plus grand problème avec ce site, c’est qu’au dessus de l’ancienne ville hormis le bazar, pendant 150 à 200 ans les habitants de trois rues y ont batient et se sont installés. Cet endroit est considéré comme étant leur propriété légale. Pour mener les fouilles de cette partie spéciale de notre histoire, on ne peut pas se contenter du travail archéologique habituel, il faut des moyens complexes pour y parvenir. C’est à dire, qu’il faut libérer intégralement la surface à fouiller, la délimiter correctement, y mettre un service de garde, pour chaque pelleté de terre extraite il faut construire un auvent. Parce qu’aux siècles d’où remontent les premières briques de Tara, les briques cuites n’existaient pas. Tout a été édifié à partir de briques non cuites. Avec la pluie, le vent, les trésors découverts disparaîtraient en l’espace d’un mois. Pour parler de manière plus imagée, il est possible de détruire complètement avec un seau d’eau l’équivalent de deux siècles d’histoire. Et l’archéologie est l’exemple même d’une science qui nécessite des finances abondantes. Enfin l’issu n’en est pas connu, il est possible que quelque chose soit découvert en cet endroit, il est aussi possible que rien ne soit decouvert. C’est pourquoi, il faut y regarder très attentivement.
Nous avons pioché un peu dans chaque coin, pour voir. En 1996, nous avons creusé à l’une des extrémités du bazar. Au final, le champ de fouilles a été tourné en un trou à ordures. Il a pris d’eau, et c’est devenu un champ de fouille sans utilité pour la science. Après cet échec, nous l’avons refermé avec de la terre. Aujourd’hui, dans un bazar où vont et viennent près d’un millier de personnes, délimiter un espace de près de 100 mètres, pour y effectuer des fouilles, est complètement déraisonnable. Personnellement, dans ces conditions, je suis totalement opposé à ce que l’on fasse des fouilles. Ce problème rend indispensable la création d’un groupe d’experts, et la mobilisation de fonds. Ce site est entièrement recouvert par des constructions. Des immeubles d’appartement, des édifices complexes y sont construits. Est-il nécessaire d’en déménager, d’en débarrasser l’ensemble ? Sans qu’il soit nécessaire d’en venir là, sous le site des câbles électrique et de communication courent dans tout les sens. Tout d’abords, il faut résoudre ces problèmes. L’année dernière, j’ai fait savoir mon désaccord au sujet du déménagement du bazar. Les 10 millions de tengués alloués n’auraient même pas suffis à retirer l’asphalte du bazar. »
  • Ertarghyn Astaev, assistant du maire de la ville de Taraz :
– « C’est une histoire qui se répète chaque année. Un nouveau site pour l’emplacement du bazar n’a pas même été préparé. Le bazar ne déménagera nulle part. Tout cela, c’est de la parlote…»
… Les autorités locales semblent plus embêtées par la question de savoir quel site accueillera le bazar, que par la question de savoir quand le déménagement pourra prendre fait et lieu. Le problème de la création d’un musée en plein air dépasse t’il cet enjeu, ou pas ? Cela, reste bien sûr un rêve. Et, jusqu’à présent les gens de Taraz en reste a leurs palabres : « Oïbaï, le bazar déménage ! »

Oralkhan Dayit, région de Jambyl
Site internet du journal « Jac alash », 2 avril 2009, « Бар тарихымыз базарлардың астында жатыр » (traduit du Kazakh)