4 avril 2009

Le Kazakhstan dans sa hâte de parvenir au rang des 50 pays les plus avancés, en recul de deux places

31.03.2009, Talghat Düycenbek

Le Forum Economique Mondial (World Economic Forum) publie son classement pour les années 2008-2009 consacré au développement dans les principaux pays du globe des technologies et infrastructures de l’information. Parmi les 143 pays du classement le Kazakhstan arrive en 73e position.
Dans le classement du Rapport Global sur les Technologies de l’Information 2008-2009, le Kazakhstan est descendu de deux places par rapport aux années précédentes. Dans l’étude dont il est question le Kazakhstan occupe la 5e position parmi les états postsoviétiques. L’Estonie (18e position), la Lettonie (48e), la Lituanie (48e) et L’Azerbaïdjan (60e) occupent les quatre premières places.
Et, s’agissant des divers indicateurs concernant les pays classés après le Kazakhstan, ils sont les suivants : Russie 74e, Géorgie 88e, Moldavie 99e, Tadjikistan 104e, Arménie 114e, Kyrghyzstan 115e. Les pays en tête de la liste sont le Danemark, la Suède, les Etats Unis et Singapour. La Suisse, la Finlande, l’Irlande, la Norvège, les Pays Bas, et le Canada suivent immédiatement aux 10 premières places.
Ce classement fait l’objet d’une réactualisation annuel, et les enquêteurs du Forum Economique Mondial au cours de sa préparation s’appuient sur les critères suivant afin de recourir à la notation des états étudiés : l’implantation des innovations techniques, le degré de diffusion des technologies haut de gamme dans le secteur étatique et le monde des affaires, le niveau de développement des infrastructures systémiques, cela incluant la qualité et le nombre des services IT proposé par des acteurs privés et commerciaux.
D’après l’avis des spécialistes du FEM, le groupe de tête des états qui ont vu leurs précédents indicateurs s’améliorer comporte ceux qui sont arrivés à des résultats probants concernant les infrastructures systémiques, c'est à dire s’agissant des moyens de communication de demain. Par ailleurs, le rapport de l’organisation pointe le fait que de nombreux pays ont, en l’espace de deux ans, considérablement élevé la qualité et le niveau de leur éducation à travers l’implantation des technologies de l’information.
Pour le pouvoir kazakh le fait de s’éloigner d’année en année du groupe des 50 premiers états dans un classement international, est considéré comme un mauvais coup au plan stratégique de « rentrer dans la catégorie des 50 états les plus concurrentiels ». Les experts kazakhs sont également d’avis qu’il s’agit d’un revers à la stratégie visant à faire partie des 50 états les plus avancés.

  • UN CAPITALISME TRIVIAL FONDE SUR LA CORRUPTION
Tölegen Jukeev, premier secrétaire du parti « Azat », considère que si les habitudes actuelles du gouvernement perdure sans le moindre changement, le Kazakhstan ne fera pas parti des 50 états les plus compétitifs, mais pourrait bien se retrouver à très court terme recalé au rang des 100 derniers. D’après son avis, la république n’est actuellement pas au rang des 50 états les plus compétitifs, mais au contraire continue à se développer dans la voie de l’installation d’un état capitaliste trivial fondé sur la corruption.
– « plus les années passe plus nous nous éloignons du rang des 50 états les plus avancés. Pris sous un certain angle, cela pourrait être la conséquence de la crise économique. Cependant, les autres pays sont également sous le coup de la crise »,- explique T.Jukeev. – « En conséquence, la ligne de développement économique du Kazakhstan ne nous permet pas de rejoindre les états avancés. Nous devons tout changer. Il est nécessaire d’employer d’autres moyens pour redresser notre système économique. Et, pour radicalement modifier les fondements économiques, il est nécessaire de modifier les institutions politiques nationales. Le temps où l’autoritarisme pouvait devenir un avantage concurrentiel est révolu. Au jour présent, dans la nouvelle situation économique la probabilité pour des états autoritaristes d’entrer au nombre des états les plus concurrentiel est faible. Vu de cette manière, la probabilité pour le Kazakhstan apparaît comme nulle.
»
Alixan Baïmenov, président du parti « Ak Jol », rappelle que lorsqu’il s’agit de définir les aptitudes concurrentielles d’un pays l’examen du niveau de développement de ses infrastructures est très important. D’après lui, il est clair que les infrastructures actuelles de la république ne sont pas au niveau des 50 pays les plus avancés, cependant les autorités se trompent dans le chemin pour s’en rapprocher.
– « Les infrastructures, les routes, l’énergie, les communications, sont le fondement de la liberté d'entrer en contact avec de nouveaux partenaires. Le bizness se développe de lui-même dans un tel environnement, car il n’a pas à investire pour les infrastructures. Par exemple, au Kazakhstan le secteur des communications sans fil a cessé de se développer. Dans le nouveau programme de Barak Obama, il y a un volet consacré à la baisse des couts de l’internet. Pourtant si l’on compare avec notre république, il s'agit des Etats Unis où les prix des services de connections sont dix fois moins élevés. Et, bon qu’il faille réduire les coûts des communications, d’accord, mais il y a conflit d’intérêt dans la compagnie nationale « Kazakh-télécom », la moitié des actions sont entre les mains de l’état, le reste est propriété privée. Si l’une de ces parties est favorable à des communications bon marchés, la seconde a pour objectif d’augmenter ses bénéfices »,- explique A.Baïmenov.

  • UNE OMBRE DANS UNE PIECE OBSCURE
Quant au sénateur Ghani Kacymov, président du parti « les Patriotes », il considère que le fait même de rendre public un classement international en temps de crise globale revient exactement à poursuivre une ombre dans une pièce obscure.
– « Dans la situation actuelle, la question de la sortie de crise est la plus importante dans tous les pays. L’intérêt qu’il peut y avoir à discuter la question de savoir si vous êtes actuellement en 73e ou 48e position est très limité. Parce que, dans une époque instable comme celle-ci, tous les indicateurs fluctuent sans aucune logique. Pris sous cet aspect, les experts se gardent bien de faire des pronostiques. Bien, comment l’état va-t-il pouvoir sortir de cette crise ? C’est là, la question importante. C'est-à-dire, que diriez-vous si au sortir de la crise le Kazakhstan n’était plus en 73e position mais en 23e ? Donc, patientez encore un peu.
»
L’économiste Khanat Berentaev a fait es propres comptes s’agissant du niveau de développement du Kazakhstan. D’après lui, les experts du Forum Economique Mondial ont beaucoup trop favorablement noté le Kazakhstan :
– « Il me semble que pour le Kazakhstan la 73e place elle-même est très élevée. Cela ne fait en effet que 10 ans, que nous avons pris en main notre propre projet énergétique, les nanotechnologies. Et, le chef de l’état lui-même a récemment reconnu que tous cela restait encore sur le papier, que les autorités n’avaient rien mis en application. Cela montre que l’économie Kazakhstanaise n’est pas prête à maîtriser les nouvelles technologies. Par ailleurs, si nous prenons en considération les réformes en cours dans l’éducation, et plus particulièrement le système d’évaluation, celui-ci prive les étudiants de la faculté de réfléchir en profondeur, et aujourd’hui dans notre république le capital humain n’est pas d’ordre à maîtriser des technologies trop pointues ».
Avec cela, K.Berentaev considèrent que l’objectif affiché dans la stratégie de rattrapage des 50 pays les plus compétitifs n’est pas correcte.
–« Des objectifs comme celui d’entrer parmi les 50 premiers ou les 10 premiers sont habituellement d’usage dans le domaine sportif, mais, le fait de fixer une telle obligation à un état n’est en soit pas correcte. Nous ne pouvons fixer pour objectif économique que l’amélioration des conditions de vie de notre population. Ce n’est qu’en construisant une économie capable de résoudre de tels objectifs, que notre république pourra rejoindre le groupe des pays de niveau mondial.
»
3 ans ont désormais passé depuis que le président de la république N.Nazarbaev a proclamé la stratégie pour le Kazakhstan d’entrer parmi les 50 pays les plus compétitifs mondialement.

Radio Azattyk, "Үздік елу елдің қатарына ұмтылған Қазақстан тағы екі қадам артқа шегінді" (traduction du Kazakh)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire