25 avril 2009

Kazakhstan, répercutions de la crise financière sur l'emploi


Chymkent, augmentation du nombre de chômeur parmi les diplômés du supérieur, les autorités multiplient les programmes de formation pour travailleurs


13.04.2009, Mira Mussilim

Dans la région du Sud Kazakhstan au cours des deux derniers mois, plus de 3000 personnes ont rejoint les rangs des chômeurs. D’après les informations de l’agence régionale de statistiques, si au mois de décembre le nombre de chômeurs dans la région atteignait 8 818 personnes, cet indicateur en l’espace de deux mois a atteint 12 120 personnes.
Cela reste les statistiques officielles, car d’après des données de source officieuse, le nombre de chômeurs dans la région auraient atteint 75 milles personnes. Avec la crise financière mondiale, plusieurs grands sites de production ont été contraints de réduire leur temps de travail, et parfois même de cesser toute activité. La majorité de ceux qui se retrouvent ainsi sans travail en est à chercher par elle-même le moyen de se tirer d’affaire.
A ce jour tout ce que les autorités locales ont entrepris dans la lutte contre ce chômage de masse, se limite au recensement et à l’établissement de liste des chômeurs, explique Igor Dvortsov un habitant de la ville de Chymkent qui a été licencié il y a 6 mois. Lui, qui jusqu’alors travaillait comme réparateur automobile, affirme que depuis son licenciement il n’y a pas une porte où il n’ait frappé à la recherche de travail.
—« Personnellement du travail j’en ai cherché absolument partout. Et toujours, on vous répond la même chose : « C’est la crise, pas de travail ». Il ne reste pas d’autres issues que d’aller s’inscrire auprès des programmes de réinsertion professionnelle. Ma femme fait du commerce dans un des bazars de la ville. Ses affaires aussi vont mal. Parce qu’aujourd’hui les gens n’ont pas d’argent ».
—« Bien que j’aie déjà dépassé la quarantaine, je me suis décidé à essayer d’apprendre une autre spécialité. Mais, quant à ce qui est de trouver un nouveau travail, je ne vois rien venir. Alors, je sais bien que c’est tout des soucis pour rien. Du coup, pour m’en tirer il me faut faire le taxi avec mon véhicule personnel », — nous explique un diplômé du supérieur, que la crise a déjà fait déchanter.
Pour les responsables des services concernés, le moyen le plus significatif dans la lutte actuelle contre le chômage, reste l’organisation de formations de courte durée à de nouvelles compétences et techniques pour les travailleurs déclassés.
— « On s’attend, à ce que soit bientôt dégagé du budget national un effort d’un demi-million de tengués pour la seule ville de Chymkent. On vise à utiliser cet argent pour respécialiser gratuitement près de 5 000 personnes. Un appel d’offre a été passé auprès des institutions en charge de tels programmes. Dans un proche avenir, les personnes au chômage qui en manifesteront la volonté se verront offrir la possibilité d’apprendre toutes les ficelles d’une nouvelle spécialisation. Et à côté de cela, il y a un projet visant à aider l’insertion professionnel des jeunes », — raconte Bakhytjan Bekayilov, adjoint au directeur du département en charge de l’insertion professionnel et des programmes sociaux de la ville de Chymkent.
D’après ce qu’il en dit, un des différents projets inclus dans le plan d’action préparé par les autorités a été dénommé « feuille de route ». Un financement d’un milliard de dollars a été examiné au titre du budget national pour la réalisation des objectifs liés à l’insertion professionnelle, et la mise d’obstacles à la monté du chômage.
Il faut préciser que le projet, sur lequel les autorités misent tous leurs espoirs, dépend de l’ouverture de centres pour la respécialisation des chômeurs et des personnes licenciées. De cette façon un centre, récemment ouvert au sein d’un établissement d’enseignement supérieur, a déjà commencé à tourner dans l’aydan de Sary-Aghach.
Y sont donnés des cours payants pour la formation à 20 spécialisations et professions, que l’on présente comme particulièrement en adéquations avec les besoins en main d’oeuvre actuels. Les frais d’inscription pour un programme de deux à trois mois, sont compris entre 10 000 et 20 000 tengués.
— « La demande est en augmentation concernant des professions telles que soudeur, conducteur, contremaître, électricien… Et surtout, les étudiants de finance, d’ingénierie, manifestent de l’intérêt pour l’apprentissage supplémentaire de telles spécialisations » — nous dit Mutal Turtaev, formateur et directeur du département des entrepreneurs et sociétés du Sud Kazakhstan.
Conformément à des programmes internationaux, les professionnels de l’enseignement du fonctionnement du monde des affaires font remarquer aux professeurs d’universités, qu’en cette période de crise financière, il ne peut pas être mauvais de maîtriser plusieurs spécialisations différentes.
— « Connaître les moyens efficaces de monter une affaire rentable et durable, est devenu un plus que personne ne peut se permettre de négliger. Ceux-qui souhaitent désormais apprendre comment consolider leur société commerciale, comment résister à la crise sont nombreux. Surtout en ce qui concerne les petites et moyennes entreprises. Avec cette crise qui s’étend à toute la planète, ces problèmes deviennent particulièrement actuels. Ceux qui suivent nos cours se voient remettre un diplôme de complétion. Il y a surtout une demande très nombreuse pour les formations professionnelles dans les zones rurales. Tant que le diplôme est gardé au chaud, quelque soit le travail en question, il faut toujours savoir s’adapter », — explique un formateur.
Professeur à l’université M.Ayézov de Chymkent, Möldir Tölegenova qui ne cache pas que depuis déjà un certain temps elle n’excluait plus de changer de voie pour entrer dans les affaires, s’est engagée pleinement pour pouvoir parfaitement maîtriser le monde des affaires. Elle considère, que plutôt que de se retrouver sans emploie, il est de l’intérêt des professeurs d’apprendre une nouvelle profession.
— « De nos jours, tout change si vite. Nous ne savons pas de quoi sera fait demain. C’est une époque où chacun vie pour soit, et ne peut se fier qu’à ses propres forces. J’ai de moi-même décidé d’apprendre tout ce qui concerne la tenue d’un business. Il n’y a rien d’extraordinaire à ce que je doive changer de spécialisation », — explique-t-elle.
Khamidi Issabekov, un habitant de Chymkent qui n’a plus retrouvé de travail stable depuis plusieurs années, est venu se joindre aux rangs des chômeurs alignés dans la rue. Le nombre de ceux-qui, chaque jour, viennent ainsi chercher du travail sur le marché du travail au noir, dépasse le millier. Khamidi, qui nous raconte qu’il a vu les files s’allonger de jour en jour, n’a jamais entendu parler des formations de courte durée dispensées par les services de l’état. Lui qui vient chaque jour sur le bazar avec l’appréhension de gagner son pain, avec ses enfants à nourrir, n’a qu’une chose à nous dire :
— « Parmi ceux qui sont là à chercher du travail, debout dans la file, il y en a qui ont fini des études supérieures, le lycée. Ce n’est pas des illettrés. Néanmoins, en l’absence d’emploi stable. Pas la peine d’étudier ces cours, qu’est ce qui n’est pas à notre portée ? On peut effectuer tous les tipes de travaux manuels. A quoi bon passer par leurs cours ? Il y a pas à dire personne pense à nous. Dans un autre pays, si ça se trouve on serait pris en charge par l’état. Mais chez nous chacun s’occupe de soit. Ceux de l’akimat, de la municipalité sont comme des chevaux dans une stalle confortable, ils en ont rien à faire des autres, il y a rien à tirer de ces chefs qui se montrent dans leurs grosses voitures », — explique t’il.

Azattyk radioci, "Шымкентте жоғары білімді жұмыссыздар саны артып барады, билік жұмысшылар даярлау курсын көбейтпек" (traduction du kazakh)