2 avril 2009

Le fils intelligent (Акылдуу бала)


Il y a fort longtemps vivait un voleur dont la renommé était immense. Celui-ci n’avait qu’un fils, et comme il était très fier de sa profession, il priait régulièrement dieu de voir le jour, où par son exemple son fils deviendrait à son tour voleur. Un jour, alors son fils avait déjà bien grandi, le voleur l’appela à ses côtés pour lui tenir conseil.

— « Mon enfant, si tu te dis mon fils, écoute ce que je vais te dire. Hériter du métier de son père, tel est le devoir d’un fils. Ainsi, c’est à toi maintenant d’embrasser la profession de voleur. Saches qu’il n’existe pas de meilleur métier ! »
Son fils lui répondit alors,
— « Père, si vous souhaitez que je devienne quelqu’un, alors ne m’apprenez pas les tours de votre métier de voleur. Faîtes plutôt en sorte que je prenne un métier honnête. »
A ces paroles, le voleur ne pouvant retenir sa colère se fâcha :
— « Qu’est-ce à dire que tu ne suives pas mon chemin ? De quelle impertinence te défies-tu de ton père? Parfait, je ne le répèterai pas deux fois ! Cette nuit, tu iras voler ce bœuf à la robe acajou qui appartient à Joochbaï du village d’en bas. Cet animal a engraissé à un point que c’en est un miracle, et je ne trouverai pas le repos avant d’avoir mis la main dessus. Si tu ne ramène pas cette animal ici, ne t’avise plus de m’appeler père, et disparais de ma vue. »
Le fils comprenant que son père ne plierait pas à la raison, fit mine d’accepter sortit et alla trouver Joochbaï, auquel il acheta ce fameux bœuf acajou au prix des semences d’automne. Or, son père n’en savait rien et se réjouissait à l’idée, que son fils soit devenu voleur pour de bon. La nuit venue le père et le fils égorgèrent le bœuf, arrachèrent sa peau, tranchèrent sa viande pour la suspendre. Le jour suivant, plaçant la marmite sur le feu, ils y firent cuir la viande à gros bouillon, le fils s’adressa alors à son père en ces termes :
— « Père, avant que de manger cette viande, montons chacun notre tour sur la balance. Quand la viande de ce bœuf sera terminée, nous pourrons savoir lequel de nous deux a pris le plus de poids. Acceptez-vous ? »
Le père, sans trop comprendre de quoi il retournait, accepta et chacun son tour ils montèrent sur la balance. Un mois ne fut pas passé, qu’ils vinrent à bout des derniers de la viande de ce dit bœuf. Tous deux montèrent de nouveau sur la balance. Or, ne voilà t’il pas que notre voleur de père a maigri de plusieurs kilos, tandis que son fils a lui grossi d’autant. Le père fort étonné se retourna vers son fils.
— « Père, il n’y a rien d’étonnant à cela, pendant que vous mangiez votre part, la crainte que ce vol ne soit découvert ne vous quittais pas, tout en mangeant vous vous efforciez de n’être vu de personne. Quant à moi, ce bœuf acajou, en vérité je l’ai payé pour son juste prix, ainsi je ne partageai nullement vos craintes, et j’ai mangé à ma faim, sans me faire de soucis. Vous n’avez pu manger à votre faim. Ainsi, retenez bien, que seul un repas gagné au travail fait engraisser son homme. »
— « Mon fils, moi qui ai toujours été voleur, je n’y avais jamais pensé. Désormais, comment ne verrai-je pas de moi-même, que le vol est une mauvaise chose ? Ta décision de ne pas aller par ce chemin, pour faire le choix d’un travail honnête était donc juste. J’ai enfin compris ! » — dit son père, qui dit-on abandonna aussi le brigandage.
(Кыргыз эл жомоктору)

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